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Entretien avec Jean et Philippe Labadie, société CSPB, scierie à Roquefort (Landes)

01/01/2001
Après 10 mois de stockage sous aspersion, ils ont commencé à scier les billes : "le bois est de qualité supérieure" !

Pourquoi avoir créé une aire de stockage de bois sous aspersion sur le site de votre entreprise ?

Dès le lendemain de la tempête, notre entreprise a été assaillie par des propriétaires forestiers qui faisaient la queue pour nous proposer d'acheter leur bois de chablis, dont certains que nous ne connaissions pas. Devant un tel désarroi et face à des volumes aussi importants à absorber, nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Il y avait aussi bien entendu un intérêt économique à constituer des stocks de bois à un prix inférieur à ceux d'avant tempête.
La problématique était de conserver le bois sans bleu. Aussi suite à un article paru dans le Bois National sur l'aspersion, nous avons contacté le CTBA qui nous a fait part de son expérience sur le sujet.

Comment vous y êtes-vous pris ?

Il fallait trouver un terrain et surtout la ressource en eau. La proximité d'une carrière désaffectée disposant d'un lac au milieu nous a semblé opportune. Après l'accord du propriétaire, les travaux de terrassement ont été entrepris. Le circuit en eau étant le suivant : le pompage se fait dans le lac pour alimenter un bassin  d'approvisionnement en eau bâché, auquel sont reliés les sprinklers. L'eau ruisselle, est recueillie sur des bâches, et réalimente le bassin. Il s'agit donc d'un circuit fermé. Dès que le niveau d'eau dans le bassin est insuffisant, le pompage se déclenche dans le lac. En ce qui concerne l'arrosage, nous avons installé des sprinkler double qui arrosent à 180 ° sur les bouts, et d'autres sur le dessus de la pile, haute de 6 mètres, qui ont un angle de 360°.
A noter que nous n'avons eu l'autorisation officielle de stocker qu'au mois d'octobre dernier, soit 10 mois après le début des travaux. Heureusement que nous avons fait le pari de commencer et finir de stocker bien avant, sinon le bois de qualité aurait été perdu depuis longtemps. C'est à mon sens une aberration de voir un tel décalage entre une situation de crise sur le terrain et la prise de responsablilités des administrations.

Quelles quantités et quelles longueurs avez-vous décidé de stocker ?

Nous avons opté pour de grandes longueurs, de 12, 16 et 18 mètres. D'une part en cas de contamination par les champignons cela présente a priori moins de risques puisqu'ils apparaissent sur les bouts, et d'autre part elles permettent d'avoir un ruissellement plus important et donc un maintien en eau maximum sur la surface des bois. De plus, comme nous travaillons pour une grande partie à façon, cela nous laisse une grande souplesse au niveau du sciage lors du déstockage. Les premières billes de pied quant à elles ont été stockées en 2,50 m. Nous avons commencé le stockage début février, jusqu'au mois de juillet pour une quantité finale stockée de 30 000 tonnes.

L'exploitation des bois en forêt de telles longueurs a dû être difficile.

Effectivement, nous avons dû faire appel à des équipes spéciales, et c'est grâce à nos contacts en Espagne et au bouche à oreille, que nous avons trouvé la main d'oeuvre qualifiée et le matériel, des fardiers que l'on utilise habituellement dans les Pyrénées. La manipulation et notamment l'empilage des troncs sur les aires n'a pas été une mince affaire.

Comment ont évolué les bois au cours du stockage ?

D'abord nous avons observé une mousse à terre importante pendant les 2 premiers mois. Puis une sorte d'algue est apparue sur les bouts.

Cela ne vous a pas inquiété ?

Cela ne touchait que les bouts, nous avons pensé que cela résultait des substances qui suintaient. Nous savions que tant que les bois étaient arrosés, la conservation continuait. Mais nous avons tout de même demandé à l'Institut du Pin de venir sur place.

Quand avez-vous commencé le déstockage ?

Au mois de novembre. Soit au maximum 10 mois d'aspersion pour les premières billes stockées. Nous avons arrêté l'arrosage sur les piles concernées ce qui constitue un facteur de risque, puisque le circuit de l'eau est brisé. L'exploitation la plus rapide possible est alors souhaitable. Nous avons tronçonné les troncs sur place : à notre grande soulagement le bois semblait intact, ce que nous avons vérifié par la suite lors du sciage.
L'aspect extérieur noir qui apparait très vite après le début de l'aspersion, ne concerne en fait qu'à peine 1cm en bout de bille. Non seulement, le bois était magnifique, mais avait perdu une bonne partie de sa résine. Il s'est avéré également que le bois sèche plus vite avec moins de déformations. Bien sûr tout ceci doit-être mesuré et étudié par des experts. Mais nous constatons que ce type de stockage de bois peut apporter de nouvelles possibilités en terme d'approvisionnement et de sciage. "Il faut vraiment se pencher sur le sujet et rapidement, s'enthousiasme Jean Labadie. Je pense que stocker par aspersion les meilleures billes pendant quelques mois, peut réellement apporter une plus-value au niveau de la qualité du bois."

Globalement, si vous dressiez un premier bilan de cette expérience en terme d'apports, que retiendrez-vous ?

Tout d'abord, cela nous aura permis d'établir des contacts plus sérieux avec les propriétaires forestiers et d'assurer notre matière première : la ressource forestière. Ensuite, avoir un stock de bois disponible sur place, permet de mieux gérer le poste approvisionnements, soit dans des situations où les prix sont plus élevés, soit où l'exploitation en forêt devient difficile voire impossible (comme actuellement en raison des sols détrempés dans de nombreuses zones). Plus généralement, nous avons apporté notre contribution à la crise après tempête du massif gascon, en participant à l'expérimentation en grandeur nature d'un mode de stockage encore peu utilisé en France et inexistant pour le pin maritime (faisabilité et résultat pour la ressource), comme sur les sites de Mimizan et Carcans, plus importants.
Il faut reconnaître que les aires de stockage pour le bois d'oeuvre resteront en nombre insuffisant. Beaucoup plus de bois d'oeuvre aurait dû être sauvé. Il aurait fallu pour cela plus d'actions et moins de réunions : quel dommage !

Contacter les Ets Labadie : ets.labadie@wanadoo.fr


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